Dimanche 11 octobre 2009



La pluie sur les tuiles chante le même air qu’autrefois. Mais si un matin on s’y abandonne un peu plus longuement, c’est parce que le corps et l’âme ne croient plus devoir céder au premier appel des sirènes. Les merveilles promises sous d’autres cieux nous tirent certes hors de chez soi et on feint de s’y rendre, sans pourtant ignorer que ce qu’on va chercher si loin derrière les crêtes demeure en retrait et attend son heure lorsqu’on s’éloigne.
Ne pas répondre au second ou au troisième chant des sirènes n’aurait pas plus de chance de voir aboutir notre désir de comprendre ce qui a été que de céder aveuglément à l’appel du lointain, si bien qu’on est tout naturellement amené à emprunter un chemin médian, un chemin qui nous éloigne un peu de ce vers quoi on va, pour être en mesure de reconnaître ce qu’on cherche, et qu’on entend là, tout près, lorsque la pluie chante un air sur le toit, le même que celui d’autrefois.

Jean Prod’hom