XLII

Assis sur le banc de la Mussily d’où j’observe depuis une dizaine de minutes la patience d’un chat blanc qui braconne à la lisière du bois, j’entends le bruit lointain d’un moteur. Le chat a levé la tête tandis qu’un homme sort d’un 4×4, c’est Jean-Rémy qui rentre du travail, il ne m’a pas vu. Il appelle l’animal qui a repris son affût, une fois, deux fois, d’une voix mielleuse et aigre, presque bêlante, ce chat lui appartient.
– Minet, minet!
Rien n’y fait, l’animal a les yeux fixés sur une taupinière. Jean-Rémy lève alors le bras et fait le geste sans équivoque du dresseur de fauves à qui on ne la fait pas. Ça ne suffit pas, Jean-Rémy hurle, une fois, deux fois, sans succès, Jean-Rémy crache de dépit.
Sans comprendre, je me lève et m’éclipse discrètement. Le chat non plus ne comprend pas, mais lui il reste.

Jean Prod’hom