Négociation (pièce en un acte)

Pierre-André Tomb
Salut Christophe!

Christophe Dar

Salut!

Pierre-André Tomb
Ecoute!
A l’époque j’ai su convaincre Fernand de ne rien verser sur la place, certains gestes portent trop loin tu le sais. Cette fois la ligne rouge a été franchie, alors que tout le monde était d’accord avec les vingt-huit millions proposés pour stabiliser la situation. Tout aurait pu se terminer dans la paix. Sauf que vous, petite bande, amateurs, manifestants, marginaux je n’ose pas le dire, mais enfin il faut le dire, vous avez balancé des bottes sur la ministre.

Christophe Dar
Non mais tu rigoles Christophe. Nous marginaux, je ne sais pas si vous avez ouvert les journaux depuis deux mois? Il y a des actions dans toute l’Europe. Il te faut raconter les choses qui existent. Ne m’interrompez pas. On est viables et on ne demande qu’une chose, la force obligatoire, ce n’est pas rien mais c’est ainsi. Et puis on n’a pas dit qu’on ne voulait pas les vingt-huit millions, on a dit que ce n’était pas ce qu’on voulait obtenir en priorité. On veut la force obligatoire. Rendez-vous compte, à un mois et demi de Copenhague on vient nous dire que c’est normal d’écluser la poudre qu’on a en trop. Je ne veux pas te répondre, Christophe Dar, je n’ai pas besoin de te répondre, Christophe Dar, je ne suis pas à l’école, il y a bien longtemps que je ne vais plus à l’école. On ne dit pas qu’on ne veut pas cet argent, mais on dit qu’on ne le veut pas sous cette forme. Moi la ligne rouge je la connais mais elle n’existe pas ici. La seule ligne que je connais bien, parce que je suis moniteur d’auto-école, c’est la ligne blanche, et cette ligne blanche n’a pas été franchie, sinon on aurait eu des gendarmes sur le dos. On n’a pas été sifflés. Total, on va devoir changer notre fusil d’épaule.

Christophe Dar
Non mais… Monsieur, Monsieur Tomb, vous nous dites…

Pierre-André Tomb
C’est pas Monsieur, on se tutoie Christophe.

Christophe Dar
Alors Pierre-André, tu viens de dire que vous ne refusez pas ces vingt millions…
.
Pierre-André Tomb
Non!, mais cette mesure n’est pas utile. D’ailleurs, tu n’as pas répondu à ma question. Combien va-t-on toucher avec cette mesure? Rien! Cet argent va à d’autres, inutile donc.

Christophe Dar
Pierre-André!

Pierre-André Tomb
On est prêt à y renoncer à cet argent, ça ne pose pas de problème, on dit simplement qu’on veut la force obligatoire. Alors si Monsieur Dar dit… si Christophe dit, on se tutoie: « On ne leur donne pas ces vingt millions mais on leur donne la force obligatoire », on résout le problème en moins de trois mois sans problème. Cette rébellion est partie du fond des vallées. on a fait des séances tout l’hiver, disons tout l’automne. Si on obtient la force obligatoire, et je l’ai dit on la veut la force obligatoire, on renonce aux 28 milliards…

Christophe Dar
La force obligatoire, c’est un autre sujet, mais la ministre me l’a dit, elle est prête à donner la force obligatoire, pas à toi, pas à vous, mais à tous.

Pierre-André Tomb
On l’a veut chez nous!

Christophe Dar
Non à tous. C’est comme ça.

Pierre-André Tomb
Nous on veut la force obligatoire chez nous, c’est comme ça.

Christophe Dar
Pierre-André, tu ne peux pas tout attendre de la ministre, ça tu le sais très bien.

Pierre-André Tomb
On le sait très bien, on ne demande pas grand chose.

Christophe Dar
Tu ne peux pas avoir le beurre et l’argent du beurre.

Pierre-André Tomb
Je ne suis pas d’accord avec ce qui est train de se passer, c’est faux, on a été devant nos acheteurs, devant les gens qui étaient chez nos acheteurs et on a demandé un franc… Vous m’entendez? Suis-je connecté? Je veux juste être clair. Il est convenable de donner la force obligatoire à tous.

Christophe Dar
Je ne comprends pas ta méthode, Pierre-André, mais je comprends votre désarroi. J’ai gardé des contacts très étroits avec le milieu, et je le garderai toujours, je l’ai toujours défendu, et ça Pierre-André, tu le sais. C’est une affaire de gestion, et là Pierre-André, tu as raison, Mais il faut déjà que vous vous mettiez ensemble et que vous soyez d’accord entre vous. Et vous ne l’êtes pas, alors vous jetez des bottes à notre ministre.

Pierre-André Tomb
Non non! c’est pas tout à fait juste, mais c’est très bien que tu remettes, Christophe le débat au milieu de la place. J’ai des amis partout, il y a très longtemps que je suis dans le milieu, et puis il y a très longtemps que j’y suis toujours, c’est peut-être la différence, je me bagarre pour les jeunes. On doit prendre nos responsabilités. On demande simplement de travail. Et on n’est pas seul, avec ceux du nord, on a un tout petit… une passerelle, sur cette passerelle un huitante pour cent des postes est en train de passer dessus. Je pense que d’ici quelque temps la passerelle va se consolider et puis on aura un sérieux pont. Et nos organisations, Monsieur Dar, nos amis seront en demeure de se positionner, si elles ont un peu de peine, c’est parce qu’elles savent bien des choses.

Christophe Dar
Notre ministre écoute toutes les organisations, j’ai pas son agenda en tête…

Pierre-André Tomb
Je voudrais dire qu’elle nous a refusé une entrevue.

Christophe Dar
Pierre-André, tu le sais très bien, si notre ministre rencontrait toutes les organisations, qui sont organisées, il faut le reconnaître, comme l’état-major de l’armée mexicaine, elle y passerait son temps.

Pierre-André Tomb
Mais deux mois de manifestations, la police mexicaine ne serait pas capable de l’organiser. Faut pas rêver!

Christophe Dar
Vous êtes la mouche du coche! Moi ce que je voudrais entendre de votre part, Pierre-André Tomb et les autres, c’est que vous fassiez quelque chose pour trouver une solution loin des mots.

Pierre-André Tomb
On a écrit une lettre ce matin à la ministre, j’espère qu’on pourra lui présenter notre solution, claire et précise.

Christophe Dar
Salut Christophe!

Pierre-André Tomb
Salut!

Christophe Dar
A la prochaine, à demain matin!

Pierre-André Tomb
Ciao!

Christophe Dar
Ciao! Merci!


Repiquage RSR1, Forum, lundi 26 octobre 2009
Jean Prod’hom