Optique

Le soleil court à l’amble
sur une chaussée déserte
enveloppée par des volutes de fumées noires
il suit le tracé
qu’il a choisi à l’aube
arpente les étages du ciel
occupés par les dignitaires
d’une époque révolue
éblouis par sa face impériale
ils tiennent le calendrier des saisons

méprise d’en-bas
on ne voit que l’astre nu
badigeonnant d’or
les statues debout
les pierres couchées
le désordre

on attend pourtant d’autres lumières
pour donner à ce qui est ci bas
de la grandeur et du volume
assembler par deux
les instances suprêmes
les couronner

sur le pavé nouvellement jointoyé
on tient buvette au crépuscule
dans ce pays chauffé à blanc
avec l’appui des tenanciers des auberges de la ville
la foule s’échange des vêtements chatoyants
yeux dans les nuages
coiffes multicolores
quelques plumes précieuses s’élèvent au vent

l’élan combine avec l’horizontalité tranquille
la perspective sans fin d’un règne
bannière au poing

Jean Prod’hom