Dimanche 3 avril 2011

Sous les draps les reins, l’ombre des grasses matinées, les fenêtres ouvertes avec les moineaux qui battent l’air. Du robinet de l’évier, en-bas, gouttent les mesures d’un temps long, à côté de deux pichets d’eau, vides. Dehors les vernis s’écaillent, l’esprit d’escalier sommeille avec les pioches dans les remises.

Pas un chat sur la route qui mène aux Chardouilles mais une litière au bout du pré. Je m’étends hors les mots dans la solide durée, sous l’empire d’un rien qui étend son empire jusqu’à la lisière des pensées, me dissimule derrière des vagues qui ondulent, se chevauchent, maintenues ensemble – ne veux pas savoir comment.

Un groupe d’enfants attend la venue de ceux qui les ont tant attendus, rivés les uns aux autres, à l’attente et aux promesses. Tout à l’heure les petits joueront l’air de l’apocalypse joyeuse, un canon, dix-sept langues.

Il est si simple lorsqu’on voit clair, trop clair, trop simple de lever les forces noires de ceux qui vivent dans la suie des rêves. La violence est dans la bascule. Reviendront alors les jours pleins jusqu’à la gueule de canons et de sang noir, les fers rouillés, volets fermés dès le saut du lit. On ne verra plus dans le ciel le ciel et la ouate des nuages, mais les traces d’un chat noir sur le capot de nos véhicules en ruines. Ma foi il n’était pas désagréable le temps d’avant, lorsqu’on ne feintait pas trop avec la mort.

Jean Prod’hom