Héli Freymond

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Cure les chenaux du garage, travaux des champs ensuite. Les filles me donnent un sérieux coup de main après midi en brouettant jusqu’au fond du jardin l’herbe lourde que j’ai coupée hier et montée en tas tout à l’heure, elle colle et le râteau qui ne répond pas à mes attentes m’exaspère. C’est à mon mon tour d’aider Arthur que j’ai engagé pour vider les chenaux de la maison. Sandra s’occupe des plantes de la véranda, cuisine et assure la viabilité de notre petite entreprise familiale. Quant à Cacao, il a réintégré la maison et essaie d’oublier le renard.

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Arthur a choisi de présenter en classe Le Dernier Jour d’un condamné de Victor Hugo. J’en profite pour lui raconter la dernière exécution qui a eu lieu en 1868 dans le canton de Vaud. L’histoire se passe dans un hameau au-dessus de Moudon, à dix minutes à pied de Beauregard, et si je peux la lui raconter aujourd’hui, c’est que j’en ai discuté hier avec un paysan dans l’arrière-cour d’une ferme de Corrençon, là où précisément a démarré l’affaire qui s’est conclue, sur les bords de la Broye, par la dernière exécution d’une peine capitale dans le canton de Vaud.
L’homme en parle volontiers, mais ses grands-parents avaient posé une chape de silence sur cette affaire qui n’a été levée qu’au milieu du XXe siècle. Héli Freymond a vécu à deux pas de chez lui – pas étonnant puisqu’il n’y a que 40 habitants à Corrençon –, dans la ferme qu’on aperçoit derrière son hangar. Il me raconte ce qu’un journaliste d’un quotidien local a rappelé en 2010 et que j’ai lu en rentrant, mais sur un autre ton.
Le ressortissant de Corrençon a 25 ans et de la suite dans les idées. il épouse par intérêt une riche propriétaire de Saint-Cierges, Elisa, mais continue à rencontrer en cachette Louise, une pauvre fille, mais bien faite, de Corrençon. Le gaillard encouragé par l’allumeuse n’hésite pas et liquide sa légitime enceinte de quelques mois en la gavant d’arsenic que leur a obligeamment vendu le taupier de Syens.
Mais c’est à la soeur d’Elisa, Méry, que revient la moitié de l’héritage. Hély tente alors de la séduire pour recoller le domaine. Jean, l’ami de Méry, ne voit pas la chose ainsi et essaie de mettre le holà. Héli pour la seconde fois n’hésite pas, il offre à son rival un petit pain de Moudon fourré à la strichnine. Le bougre, solide comme un Mettraux, s’en tire miraculeusement et dénonce sur le champ Héli qui charge derechef Louise de tous les péchés du monde. Ça ne réussit qu’à moitié, Louise sera en effet condamnée à vingt ans de prison, mais la tête d’Héli tombera dans le carré de sciure qu’on avait étendue sur la rive droite de la Broye.

Longue balade avec Sandra entre 4 et 6, par les hauts de Montpreveyres, dans les bois et les prés. On se rend en fin d’après-midi à Rue, Entre terre et mer, une excellente crêperie.

Jean Prod’hom

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