La comparaison est comme une parabole

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Il arrive un instant où celui qui s’aventure à comparer une chose avec une autre s’essaie non plus tellement à faire entendre ou faire voir un aspect tenu secret de la première par le truchement de la seconde – qui, nous fait croire la rhétorique, le serait resté sans ce recours à l’évidence –, mais à faire sauter tout au contraire le verrou de ce qu’il croyait savoir des secondes en recourant à quelque chose dont personne n’attendait la métamorphose et qui se trouve soudain précipité dans un espace inconnu, débordant sur le noir qui enveloppe les deux parties et dans lequel l’énigme étend son empire.
Comparer c’est remettre pacifiquement les choses – et nos vies – à ce mystère dont elles proviennent et sur lequel elles prennent appui quel que soit notre usage du monde, c’est les plonger les unes et les autres en-deçà ou au delà d’elles-mêmes, c’est-à-dire à côté.
Il est un moment où le rapprochement de deux choses – de deux mondes –, devient au yeux de celui qui en est l’artisan comme la parabole de son ambition, celle de faire un détour par les sources pour donner son assentiment à l’inachèvement de chaque chose, car aucune ne s’appartient, chacune est tout autre. Revient à celui dont les pieds se dérobent la tâche de recoudre les morceaux d’un patchwork qui ressemble toujours davantage à un monde décousu, libre, affranchi des convenances.  

Jean Prod’hom