Amitié (7)

VENDREDI 4 SEPTEMBRE 2009 - 00035

Que nos vies relèvent du rêve ou de la réalité, je n’en sais trop rien, mais je fais le pari que la seconde recèle les propriétés du premier, et que celui-ci ne cesse de déborder de son lit pour arroser celle-là qui s’y abreuve.
Avant que ces mots ne me pèsent, je vous laisse, je rentre à la maison, comme l’enfant à la fin de l’hiver, il pousse nonchalamment du bout du pied un morceau de glace oublié sur les bord du chemin. Il n’en reste rien lorsque la porte se referme derrière lui.
Finalement je ne serai pas passé à côté du printemps. Demain, une lentille d’eau poussée par le vent fera frémir le miroir de l’étang, la brise agitera les feuilles du tremble et les lèvres des iris, et je penserai une fois encore à vous. Car nous n’en avons pas terminé. Priés de rejoindre l’arrière de l’embarcation, nous tiendrons nos promesses, nous poursuivrons notre route solitaire, ensemble, la main sur le safran dans une nuit piquée d’or.
Vous l’aurez compris, ceci n’est qu’un poème qui dit la confusion que j’éprouve lorsque les exigences de l’esprit croisent celles de la matière, et le bonheur qui me traverse lorsque les pinces du serre-joint s’écartent et que je parviens à entendre derrière le rideau de la pluie un oiseau qui chante.

Jean Prod’hom