Ciel tendu et froid sec

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Cher Pierre,
Ciel tendu et froid sec. Arthur a rendez-vous devant la Grande Salle de Mézières à 8 heures 30, on fait une halte au Denner pour qu’il achète un peu de jambon et du thé froid. Je continue jusqu’à Oron, fais les courses du week-end, commande les chroniques de Peter Bichsel et bois une verveine au café de l’Union.

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J’apprends en rentrant, par la radio, que les bulldozers se sont attaqués un peu après la prière de midi aux lions et aux taureaux androcéphales qui gardent l’entrée des palais de Nimrud. Pourquoi cet acharnement contre des bêtes qui n’opposaient aucune résistance? Les images du saccage des statues du musée de Mossoul inquiètent, ce sont en effet des armes rustiques, masses, marteaux-piqueurs, scies circulaires, tronçonneuses que les auteurs utilisent pour faire trembler le monde, habillés comme vous et moi, débonnaires, salopette et chemise à carreaux.
Je taille les rosiers et bine la plate-bande avant de terminer Les Neiges de Damas. Nous sommes le 6, c’était le 5, voici les crocus avec un jour de retard. En ce qui concerne les perce-neige, qui sont aux premiers jours comme des perles alourdies, je les ai aperçues hier au pied des noyers, dans le virage qui remonte Vers-chez-les-Rod, j’ai fait quelques photos.
Mange à midi avec les filles, fais à 14 heures la causette avec Sandra qui s’endort dans le hamac avec Oscar à ses côtés. Trie les dernières photos, récupère Arthur à 17 heures 30, enchanté de sa journée de ski.
Je quitte le Riau à un peu plus de 18 heures. Croise L. dans le hall du CHUV ; elle vient du treizième, me fait comprendre qu’il est déconseillé que je monte. Je l’embarque, on échange nos impressions dans un bistrot indien près de la gare, sans vouloir réparer ce qui ne se peut pas : c’est mieux ainsi.
Elisabeth et Françoise sont assises à l’une des tables rondes de L’Esprit frappeur, mais Graeme Allwright s’est excusé, sa santé ne lui permet pas de monter sur scène. On en profite pour babiller, ça doit être la première fois depuis Riant-Mont qu’on se retrouve tous les trois, que les trois.
Les animateurs de la salle projettent quelques images du spectacle de l’homme aux pieds nus ; un contrebassiste et un guitariste couvrent le grain de sa voix. C’est ailleurs qu’il me faudra tourner la tête pour retrouver les airs d’autrefois, en regardant du côté les fêtes votives dans les patelins du Gard, des longues nuits, des grandes tablées et de tous ces matins où l’on dormait sans se soucier du lendemain.

Jean Prod’hom