Les Cullayes

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Il a neigé cette nuit, Pierrot a ouvert la route à l’aube. Je monte à la Mussilly, la neige s’étend à perte de vue ; le soleil guette au-dessus du brouillard, personne pour nous arrêter. Je songe à Robert Walser marchant dans les collines d’Appenzell. Ce n’est naturellement qu’une image, et la neige n’est pas une page.

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Mais s’il est allé mourir au bout de l’épuisement au-dessus de Hérisau, à quelques pas d’une barrière contre laquelle il ne se sera pas appuyé, préférant ouvrir les bras à la terre et au ciel, c’est qu’il avait déjà consciencieusement pris congé des hommes, s’efforçant depuis longtemps à n’être rien, ou presque rien. Les récits de Robert Walser en témoignent, par où la vie se manifeste, jolie et imprévue. Ils courbent l’espace que lui-même traverse en ligne droite, sans y toucher, laissant à la fin le livre ouvert, pages blanches dans lesquelles il ne fut jamais vraiment question ni de commencement ni de fin.

Jean Prod’hom