L'Union chez Guedes (Poliez-Pittet)

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Il pleut sur la tôle et les fougères ploient,
myrtilles et framboises attendront.
Cueillette sous l’édredon.

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Il s’appelle Jean-Philippe, Jean Philippe Goy, il a été condamné à 18 ans de prison pour assassinat. J’ai fait sa connaissance hier en soirée, sur la RTS. Jean-Philippe a passé dix ans et cinq mois dans le secteur fermé des Etablissements pénitentiaires de la plaine de l’Orbe, il bénéficie aujourd’hui d’un régime plus ouvert, travaille dans la boutique des objets fabriqués par les détenus, située à l’extérieur des murs de la prison.
Il aurait dû, depuis plus d’une année, bénéficier de congés – comme l’article 95 du code pénal le prévoit –, des congés qui auraient dû lui permettre d’apprivoiser la liberté conditionnelle à laquelle il aura droit bientôt et d’éviter les conséquences désastreuses d’une libération sèche. Mais le plan d’exécution de la sanction n’a pas été suivi par les autorités cantonales et, malgré son comportement exemplaire, les sorties lui ont été refusées.

– C’est pas juste, il faut savoir qu’on vit de voir un jour la sortie. On vit d’espoir, il ne faut pas rêver.

Jean-Philippe et ses avocats ont saisi le Tribunal fédéral pour rétablir son droit, lequel a désavoué le département de la sécurité de Genève. Jean-Philippe a pu sortir il y a quelques mois, pour la première fois depuis plus de dix ans. Il a voulu reprendre sa vie là où il l’a laissée. Il a enfilé le polo blanc, la chemise à carreaux verts et rouges, les pantalons qu’il portait le 12 mais 2005 au moment de son arrestation.

– Mon idée, c’était de revenir là où j’ai été arrêté, devant mon restaurant, alors que je prenais l’apéritif avec des amis, de reprendre la conversation là où on l’avait laissée. Pas été possible… tant pis.

Mais tout s’est bien passé, Jean-Philippe est rentré à l’heure, saoulé par le bruit, par ses propres mots, ceux des autres. Son comportement a été irréprochable, il va pouvoir compter les jours qui le séparent de sa prochaine sortie et songer à une libération, conditionnelle puis définitive. L’une des poyas qu’il a peintes a pris les devants, elle est au Vatican entre les mains du pape François.
Jean-Philippe peut rêver, il y a de l’espoir.

Jean Prod’hom