Vous feriez bien de venir le 16 avril à Rue

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Vous feriez bien de venir le 16 avril à Rue. D’abord parce que Xavier et Thierry vous régaleront avec leur musique. Ensuite parce que vous pourrez goûter aux excellents palets bretons et aux bonbons au beurre salé, aux crêpes et naturellement au cidre.

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C’est d’ailleurs à cause du cidre que j’y serai avec Xavier et Thierry. Ou plus exactement à cause des bols qui le contiennent, à cause des assiettes à crêpes et des tasses à thé. Précisons, j’ai un faible pour ces objets d’usage courant lorsqu’ils sont hors d’usage, cassés, brisés, puis roulés par les vagues, poncés par le sable et le sel. Bref, je m’intéresse aux restes abandonnés, oubliés de la vaisselle du monde.
On en trouve naturellement partout, en Italie, en Irlande, au Portugal, en Argentine. Mais c’est en Bretagne que j’en ai trouvé en pagaille, parmi les bois flottés et les trésors des naufragés, parmi ce que laisse, emmène et ramène la marée. Ce sont ces morceaux de terre cuite aux motifs improbables, ces débris, ces merdouilles qui ont occupé certaines de mes journées depuis trente ans.
Si vous passez un doigt sur les bords de certains d’entre eux, vous constaterez qu’ils ont la consistance et la douceur des sablés bretons, leur grain. Et certains autres, si vous y posez le bout de votre langue gardent le goût de sel de l’océan. C’est dire que je me suis régalé en Bretagne.
J’ai voulu avec ce livre rendre mon dû à la Bretagne, mais aussi à toutes les régions qui m’ont cédé leur trésors, rendre hommage à cet espace entre terre et mer, cet entre-deux qu’on appelle l’estran. Et convaincre aussi mes lecteurs, vous et moi-même, que cette affaire n’est peut-être pas celle d’un fou ou d’un idiot. Ou pas complètement.
J’évoquerai cette aventure en musique ; il faut savoir que le tesson, le visage ci-dessus par exemple, pour devenir ce qu’il est devenu, n’en a pas manqué : fracas, cuivre et timbales lorsque le bol à cidre ou l’assiette à crêpe dont il provient s’est brisé ; berceuse ensuite, pendant plusieurs dizaines d’années, sac et ressac, chant de la lime et de la vague, crépitement du gravier, glougloutement des galets ; silence enfin lorsqu’on s’est retrouvé face à face.
Promis, je vous dirai comment ça a commencé. Mais les tessons, on n’en trouve pas qu’en Bretagne. C’est comme la musique, il y en a partout, il suffit de tendre l’oreille. N’est-ce pas ?

Jean Prod’hom