Le clédard restait ouvert en octobre toute la journée. Au réveil, on se roulait une clope et on faisait une partie de tarot. Il y avait toujours un pichet de gros rouge et des fromages de chèvre sur la longue table de chêne; à midi, le plus réveillé d’entre nous faisait sauter dans l’âtre une poignée de châtaignes.
Les chapeaux de feutre humide ne séchaient pas, personne ne disait jamais un mot plus haut que l’autre. On redescendait en fin d’après-midi de la montagne, avec des paniers de cèpes et quelques oronges. On faisait rôtir quelques pommes-de-terre et on croquait un oignon doux.
Et puis le soir, parce qu’on n’avait pas fait une croix sur l’avenir, on descendait en ville ; on allait de bar en bar et on levait le doigt, lorsque c’était notre tour, pour une tournée générale.