Le Cran littéraire

Vais donc lire le 4 novembre prochain, et me frotter ainsi à l’art de dire, avec Line Marquis qui dessinera…
Pour en savoir plus, c’est ici.

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 « … de dire et non pas de « bien dire », mais de dire, de dire ce qui ne l’avait pas été encore, là, dans l’espace et dans le temps, dans ce coin unique d’espace-temps que constitue le site, autant dire la page, ou la scène…

La diction ne récite pas, ne récite jamais, pas plus qu’elle n’invente, elle traverse, elle est la traversée d’une idée de forme où chaque mot contribue à la formation. Et là, il n’y a aucune hiérarchie entre des mots qui seraient significatifs et d’autres qui le seraient moins, entre des mots qui seraient, si l’on veut, des pilastres, et d’autres qui seraient des ornements. C’est parce qu’elle est intégrale que la diction avance le long du texte comme un funambule sur une corde : il y a les pas, les mots, un à un, bien sûr, mais il y a aussi chaque point du corps au-dessus du pied qui fait appui ou de la bouche où se forme la parole, mais il y a aussi tout l’air qui est respiré et tout l’espace où habite la respiration. Et c’est avec tout cela que l’ « existant » qu’est le texte se met à exister, non comme une masse de mots ajoutée au monde, mais comme une diction, autrement dit comme un sens proféré, comme une intelligibilité dépliée, et pleine d’égards pour le monde comme pour les oreilles qui sont tendues vers elle. »

Jean-Christophe Bailly, La Phrase urbaine, Seuil, Paris, 2013

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