Personne ne sait plus pourquoi

Personne ne sait plus pourquoi ni comment s’est imposée l’idée sotte et saugrenue de placer une horloge numérique LED, à chiffres rouges, sur le mur qui fait face aux élèves, dans chacune des classes des nouveaux bâtiments scolaires du Mont-sur-Lausanne.

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Il eût été préférable de remplacer cette vanité à laquelle les élèves qui ont décroché s’accrochent, sans en avoir conscience, comme Harold Lloyd aux aiguilles de l’horloge d’un grand magasin de Los Angeles, par un crâne entouré d’un sablier et d’une fleur qui se fane, comme me le suggère Philippe de Champaigne ; ou comme d’autres peintres le proposent, entre une bougie qui se consume et un verre vide, ou un miroir et ses reflets.
Il n’est pas trop tard pour bien faire, cette substitution n’aurait pédagogiquement que des avantages. Les élèves qui ne trouvent pas leur compte à l’école pourraient méditer sur l’un des points essentiels de leur vie et de la nôtre ; ou si cette méditation les inquiète, s’en détourner et se plonger dans le travail auquel ils sont invités, sans plus désormais vouloir accélérer le temps. Il y a des natures mortes qui réveillent, délivrent et éclairent.