Si le potlach

Si le potlach, nom donné au principe qui organisait les échanges dans certaines tribus du Nord-Ouest américain et des îles Trobriand –donner, recevoir, rendre–, a pu conduire celles-ci à gaspiller leurs biens jusqu’à l’épuisement et à condamner leurs membres à la faillite, c’est (pour dire vite, un peu trop vite) parce qu’ils avaient à tenir leur rang : les groupes les plus riches se devaient. dit-on, de se montrer les plus follement dépensiers, au risque de disparaître.

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J’imagine un même scénario aujourd’hui tandis que le fossé entre riches et pauvres se creuse toujours davantage. Nous pourrions en effet nous précipiter dans une faillite analogue à celles qui ont frappé ces groupes étudiés par Marcel Maus et ses successeurs, mais à l’envers et en deux temps : en capitalisant leurs biens sans en faire réellement la débauche, les plus riches pourraient se retrouver bien mal pris lorsque les plus pauvres sans lesquels ils ne s’enrichiraient pas n’auront plus les moyens d’acquérir la moindre miette de ce qui leur est proposé sur le marché. La conséquence serait immédiate et la faillite assurée, les riches deviendraient d’un coup aussi pauvres que les plus pauvres.
Pas sûr que je raisonne juste ni même que je sois habilité à m’aventurer en ces domaines ; mais il me semble qu’il y a quelque chose de vrai dans tout ça, quelque chose d’évident, quelque chose de primitif.