Chacun prend ses quartiers là où il naît

Chacun prend ses quartiers là où il naît, puis emporte âmes et bagages, va et vient, s’incruste, change de domicile, s’associe, fonde, divorce, construit, avant de prendre congé sans laisser d’adresse. Il n’est pas interdit de penser que, dans cette réplique de la première heure, il lui soit permis de donner sens aux naissances, à leur violence et à leur beauté, au silence des germinations et à la mécanique des saisons. Tout le monde n’a pas cette faveur.

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Plutôt que de se rendre sans tarder vers le jour, avec l’ombre silencieuse d’Eurydice qui le suit, Orphée doute et se condamne à la nuit.

Alors que nous longions la lisière du bois Vuacoz et qu’elle évoquait son déclin, la vieille m’avait confié qu’il était pour elle désormais sans importance d’écrire, qu’un regard rétrospectif sur sa vie à Pra Massin, comme certains le lui avaient demandé, l’empêcherait au dernier jour, à la dernière heure de mourir. Aujourd’hui, je ne suis plus pressée.