La Poya

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Oron-la-Ville / 15 heures

Une actrice très célèbre, élevée au biberon de l’église catholique romaine, très belle aussi, à qui un journaliste demande ce matin si elle croit en Dieu, répond qu’elle croit en une force supérieure. On comprend à demi-mots qu’elle ne se rend plus à la messe mais qu’elle n’a pas renoncé pour autant à son mystère, qu’elle le vit dans sa passion pour le jardinage, pour les fleurs, les gardénias surtout qui ont accompagné ses Noëls en Australie.
On ne peut lui donner tort, chacun peut en effet, qu’il se lève à l’aube du paillasson de l’école Cadichon ou d’un lit à baldaquin à l’heure de l’apéro, admirer les oeuvres du printemps, les germinations et les floraisons, dans les plis du macadam ou sur son balcon, pour lesquels l’homme n’a en effet qu’un rôle de second plan.
Cette manie pourtant d’en référer à une force unique et de lui octroyer une intensité supérieure m’a toujours semblé étrange. On peut en effet obtenir les mêmes effets en la désintensifiant, mais en lui prêtant la minceur d’une pâte à gâteau et en lui reconnaissant une infinité de points de contact, à l’intensité si faible qu’ils demeurent imperceptibles et silencieux, hormis ces frémissements qui animent les choses et les êtres quels qu’ils soient, et qu’on aurait pour tâche d’écouter sans jamais avoir besoin d’y croire. Non plus une force dans les mains d’un être logeant aux étages supérieurs de la création, mais du grain à moudre en chaque lieu, de celui du pain à celui de ta peau.