Les Censières

Lausanne / 12 heures

On a capté l’eau du chemin des taupes, elle coule aujourd’hui de la fontaine des Censières sur le dos du soleil, bien au-delà du bassin qui la retient; même portée, même respiration inquiète que celle du passant fatigué. Le monde coïncide soudain avec lui-même, oreille et brise, les alentours en reconduisent les charmes.
Les sirènes résident dans les prairies – c’est Circé qui le dit à Ulysse – on les entend quand le vent tombe et le calme règne: bois secs et odeur de laine, pieds attachés et mains au mât, chant né d’un resserrement, fontaine dans le creux de la main – sans incidence sur rien. Y céder un instant, avant de faire mollir un peu de cire et reprendre la route.