Corrayette

Goumoens / 13 heures

Des espaces, des espaces singuliers, dont le nombre n’est pas fixe; anciens, plissés, ridés; lisses, ébouriffés, neufs; bruyants, bétonnés, herbus, habités, silencieux, immobiles; peuplés, délaissés, muets; zébrés, mités. Espaces aux limites et à la teneur indécises dont je lève en continu le plan changeant. Espaces qui se chevauchent et s’emboîtent, coulissent, tournent autour d’un axe. Celui-ci s’impose pendant un jour, celui-là pendant trois mois ou dix ans, il réorganise ce dont il est devenu le pivot, déborde et nourrit les alentours: c’est un canal, un nom, un souvenir; c’est parfois un rêve ou une lecture, un inconnu que l’on a croisé, un jardinet, un amour, une maison carrée, une haie, un ami, un crépi. Ils sont comme ces châteaux d’eau qui étendent leurs bras invisibles jusqu’aux limites de leur territoire, ils sont des réserves qui retiennent ceux qui ont soif.

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