Audresselles

Ce n’est pas un hasard si j’ai fait la connaissance, il y a deux ans, de Patrick Vincent, professeur d’anglais à l’Université de Neuchâtel. Je lui dois la confirmation des liens qui unirent Thoreau et Agassiz au milieu de XIXe siècle. Faut dire qu’il leur doit de son côté le motif de sa belle conférence inaugurale (le chapitre VI de Novembre en rend compte). Je l’ai revu, en vrai cette fois, à Dorigny, il y a un mois, à l’occasion du vernissage d’un livre auquel il a participé: Le Poème et le Territoire. Il m’a parlé à cette occasion des traductions du Prélude de Wordsworth; j’en ai  lu depuis les extraits disponibles. Et puis il m’a écrit hier ceci:

Je viens de terminer « Novembre » que j’ai lu avec beaucoup de bonheur, le sirotant étape par étape comme un grand whiskey ! Cela m’a pris un mois pour parcourir votre parcours d’une semaine, comme quoi la marche, mais surtout l’attention aux détails, peut ralentir le temps. J’ai l’impression d’avoir découvert une région, qui, jusqu’à maintenant, me paraissait aussi plate qu’inintéressante. Ma famille a dû subir toute l’histoire de la correction des eaux, et même les betteravesm’intriguent un peu plus qu’avant. Votre style est aussi sobre que le thé et les fruits secs qui ont alimenté votre épopée (j’étais tout de même soulagé lorsque vous vous êtes remis au café et au vin suite au décès de votre ami). Merci pour ce beau livre qui deviendra, je l’espère, un classique, et où je suis très honoré de figurer. Je l’ai prêté à mon père, qui va sûrement l’aimer, et je vais également le recommander aux amis et connaissances. 

Non content de me faire, hier, ainsi rougir, Patrick Vincent m’envoie aujourd’hui, un lien sur une recension dans Arcinfo, signalant Huit lectures pour découvrir la Suisse autrement Novembre en fait partie.

Le plateau suisse à pied en un roman

Seul roman des huit ouvrages proposés ici, «Novembre» est un fabuleux récit de voyage à la première personne qui vous plonge sur les sentiers du Seeland. L’auteur, Jean Prod’hom, a découpé son ouvrage d’après son itinéraire, en douze étapes. Un parcours existentiel de dix jours, sac au dos, au départ du Riau sur les chemins de la Sarraz, d’Yverdon, Portalban, Ins, Bargen… Direction «les terres du Nord que les hommes ont trop souvent désertées, là où le présent bégaie, l’avenir hésite et le passé s’attarde». Le lecteur marche avec avidité dans les pas de son guide, que son départ à la retraite couplé à la maladie grave de l’un de ses amis a poussé sur les routes, à la recherche de sérénité.

Pour qui? Celles et ceux qui aiment découvrir la Suisse à travers les mots et les yeux des autres. Contée par Jean Prod’hom, elle est une terre d’histoire, d’agriculture, de barrages, de vertes prairies, de films oubliés, d’auberges sur le bord du chemin, et d’une nature qui déploie ses merveilles au fil des pas du marcheur. La lecture de «Novembre» donne envie de se jeter sur les routes du Seeland, sur les traces de Jean Prod’hom.

Le passage. «Les îles sont des refuges et des rampes de lancement; on y est tourné vers le large, on ne s’y enterre pas. Nous avons tous un irrépressible besoin d’île et d’une embarcation pour nous en évader.»

Le +. Jean Prod’hom a glissé dans son livre quelques images de son périple sur les routes du Plateau suisse. Autant de petits cailloux semés çà et là, qui donnent un contexte visuel bienvenu.

A quoi bon, ici en Picardie, à Audresselles, il pleut.

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