Peu de choses distinguent la durée d’avec l’étendue

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Peu de choses distinguent la durée d’avec l’étendue, par quelque bout que ce soit ; l’une et l’autre occupent une même région, au-delà de ce qui semble accessible ; une région en direction de laquelle notre regard tend machinalement lorsque nous nous retirons de la partie ; que nous pourrions rejoindre si nous en prenions le temps, immobile et invisible. Forme sans bord, aux innombrables centres, qu’on devine lorsque le travail, la solitude, la fatigue, ou simplement les circonstances nous y conduisent, de l’autre côté, de l’autre côté de la nasse. De cette nasse si étroite que les regrets ne passent pas. Quelque chose se lève alors, s’étend, déborde, rassemble les fragments ternis par nos oublis et rongés par nos affairements, leur offre un peu de paix et renouvelle les alliances.
S’y rendre ou demeurer où l’on est, qu’importe, le chemin revient sur lui-même, embarque l’étrange et le familier, rabat ce qu’on a vécu à ce qui est à vivre : mêmes passants, mêmes bassins, mêmes ruisseaux, mêmes obscurités.

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Jean Prod’hom