La vieille pensait autrefois

La vieille pensait autrefois que les choses auraient pu être différentes si elle n’avait pas lu le livre qu’on lui avait tendu, si elle ne s’était pas assoupie un jour à la lisère du bois, si elle n’avait pas tant aimé marcher sous la pluie, si elle avait croisé un autre inconnu.

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Elle me dit aujourd’hui que rien, au fond, n’aurait été différent, que tout aurait abouti à ce même instant. Oui, elle avance inclinée dans un monde d’un seul tenant qu’elle a été amenée, simultanément, à écouter et à dire.
Je songe à une image, celle de ces vaisseaux immenses, dont la proue sur laquelle se dressaient autrefois les conquérants fend l’océan, et à l’arrière desquels un passager clandestin est accroupi, regardant les eaux se refermer, pour ne laisser bientôt qu’un sillage et puis plus rien.