Fin des travaux

On réalisa par la suite
quelques aménagements
des pierres
amenées à l’aide de cordes
reliées par un trait au ciel

des escaliers
descendant d’une plate forme
mais n’y montant pas

le dessin sur le sable
d’un carnage
quatre corps
deux héros soumis
qui se dressent
deux enfant révoltés
qui s’effondrent

on adossa la chronologie
aux nuages
qu’on relia au sommet du toit

on fixa sur l’horizon
quelques amers
des bateaux en feu
des flammes et des souvenirs

plus haut
on peignit en bleu
le vol des hirondelles

Jean Prod’hom

Dimanche 25 juillet 2010

Les cloches entendues ce matin des quatre coins du Jorat, lointaines, ont creusé des poches dans lesquelles la campagne s’est glissée pour prolonger un bref instant ses rêves.

Les gitans lèvent le camp à Mauvernay, à la queue leu leu, lunettes de soleil sur le nez. Quelques femmes rameutent à l’arrière leur progéniture, cris colorés des enfants qui jouent dans le pré, ils ne veulent pas décamper.

Les grands sont partis, Arthur pour Gryon et Louise pour Orges. Pourtant dans la maison retentissent encore leurs cris, ils rient des jeux naïfs de Lili avec la voisine. Et puis je les vois dans le compartiment du train avec des inconnus qui sourient. Cette histoire est à eux, et les mots adressés derrière la vitre à ces nouveaux amis avant le départ du train les projettent dans l’avenir et laissent derrière eux un silence qui fait de nous de nouveaux orphelins.

Plutôt à la traîne qu’à l’avant-garde. Pas de raison de me plaindre.

Jean Prod’hom

Comme un vieux tricot

Aller, chercher, observer, s’obstiner, parier, défendre, penser, séduire, provoquer, évaluer, foncer, raisonner, comparer, ruser, s’égarer, revenir enfin et, le moment venu, rapatrier sa vie. Car tout peut encore arriver ou se prolonger, mais combien de temps ? Il convient d’écrire alors ce qu’on comprend de travers et qui dépasse nos facultés, pour lire enfin autre chose que ce que nous voulons entendre, cette chose sur laquelle chacun est invité à se pencher un jour d’une manière ou d’une autre : ce qui aurait pu être mais qui n’est pas, mais l’écrire d’une traite et sans regret, parce c’est ainsi qu’on s’approche au plus près de ce qui se trouve à notre portée : ce qui aurait pu être.

Jean Prod’hom