Va-t'en te perdre où tu voudras

Quelques flaques sur les bas-côtés
les restes d’une ondée noire
dans le miroir desquels flambent
les éclats d’un soleil de glace
d’innombrables vers luisants clignotent dans le pré
l’or fond liquide sur les marches de pierre
le silence a creusé son trou
mais il y a loin très loin
le grondement sourd d’un animal
qui s’éloigne rassasié
c’est le grondement du tonnerre
qui poursuit sa route les yeux fermés
orage satisfait tout à l’ouest
il gronde sans discontinuer
longues respirations de satisfaction
avant d’attaquer la plaine que personne n’a daigné avertir
à mes pieds lessivés pris dans les boues du sommeil
veillent les ombres du feu et de la nuit
l’écho des craquements sur lesquels on ferme les yeux
la belle empreinte de la bête qui s’éloigne
la gueule ouverte derrière l’horizon
et je tremble un peu
délicieusement épargné

Jean Prod’hom