Café littéraire

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Cher Pierre,
Je prépare au Mont, entre 14 heures et 18 heures, la traversée de ce soir en me demandant, chaque fois que je lève la tête, si tout cela vaut bien la peine. Je parviens à convaincre assez facilement celui qui voudrait faire faux bond qu’il serait très inconvenant d’annuler le rendez-vous. Je bois un jus de pomme sur la terrasse du KJU, il pleuvine sur la toile qui la protège ; le lac semble avoir la tête ailleurs et ne pas faire grand cas de mes états d’âme.

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Beaucoup d’amis sont là, quelques inconnus aussi. Je commence avec du lourd, deux des textes écrits pour Grignan : écrire c’est toujours revenir à ce qui a été, et le faire naître dans la langue, que ce soit l’enfant que nous avons été, les petites misères ou la terre qui bat sous nos pieds ; mais écrire c’est aussi rassembler tout ce bazar, avec en plus le coq et l’âne, le travail et la grâce, et les faire tenir ensemble sur la page.
Je résume les cinq chapitres de ce qu’aurait pu être ma vie jusqu’à aujourd’hui, et mentionne leur titre : l’unité, la double vue, la métaphore, la mine et l’écriture. Je traverse ensuite les 807 en lisant la préface de Franck Garot, puis quelques-uns de ceux que j’ai commis en prenant garde de ne pas rire : une belle aventure. Comme celle des vases communicants dont je rappelle le principe ; je lis les textes que Kouki Rossi et Joachim Séné ont accueillis sur leur site dans le cadre de ces échanges mensuels, et le post-scriptum que j’ai ajouté au texte que Nathanaël Gobenceaux m’a confié. Bientôt une heure. Je commente l’aveu sans appel selon lequel je n’aurais jamais rien écrit hors le numérique. ; je termine enfin en lisant et en commentant Sésame, un texte qui, me semble-t-il, fait voir bien des choses autour d’une histoire de clé. Je m’arrête-là.
Des petits groupes se forment autour d’une planchette et d’un coup de rouge, je ne quitte pas Karim, François et Claude, fais la connaissance de Sonia Zoran. Je jette de temps en temps un coup d’oeil du côté de tous ceux qui m’ont fait l’amitié de venir ; ils sourient, je leur souris. Un grand merci à toute l’équipe du Café littéraire.
Dernière halte sur la place de Vevey avant la nuit, Karim boit une camomille, Claude un café, je bois une verveine, tout au souvenir du Jour et Nuit, du Major Davel et du Tunisien : nous étions des foireurs.
On se quitte à minuit, la Veveyse est noire ; je rentre par Chexbres et Mézières, content d’en avoir terminé, de recommencer un jour peut-être, en connaissance de cause.

Jean Prod’hom

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Photo | Emma et Diogo