Ici la colonne de mercure remonte vers le zéro, mais la fine couche de neige tombée la veille s’est maintenue, la pluie va se mêler à l’affaire et répandre la grisaille dans les mailles du suaire. Pas trop envie d’aller travailler, c’est ma gorge qui le dit, elle se resserre et tient mon appétit à distance. Le Conseiller d’Etat Pierre-Yves Maillard n’en manque pas. Invité au milieu du déjeuner, il démontre en peu de mots et avec le ton qui convient que l’engagement politique, lorsqu’on a les épaules larges et une modestie bien trempée, n’est pas mort.
Je dépose Arthur et D. au bus et file au Mont pour apporter ma contribution à l’état inquiétant des affaires du monde, goûter peut-être à ces moments de grâce qui voient l’intelligence se lever avec le sourire. Ils ont appris, ceux-là, tant qu’à faire et qu’ils sont là, à se prêter au jeu qu’on a cru bon leur proposer, découvrir en y séjournant ce que d’autres ont été, un peu d’autrefois, un peu d’ailleurs.
Remonte au Riau, ramasse Arthur que je dépose à 13 heures dans un café de Moudon pendant que je passe sur le fauteuil de l’hygiéniste dentaire. Elle est depuis peu la mère d’un petit Alexandre né il y a 4 mois. Tout va bien, la routine déjà, un 40%, les parents pas loin lorsqu’on en a besoin. Il faudra que je repasse dans 15 jours. Arthur a fait ses devoirs devant un chocolat chaud.
On poursuit jusqu’à Lucens pour qu’il remette en ordre son vélo sous l’oeil avisé de D. A moi d’attendre. En profite pour aller jeter un coup d’oeil aux berges de la Broye qu’on avait dit gelée. La révision du vélo ne suffira pas, on est condamné à en acheter un nouveau, D. nous propose un vélo japonais, dont l’importateur est implanté à Zurich. Cette proposition ravit Arthur, elle me rendra aussi la tâche plus facile, incapable que je suis de toute réparation.
Le mousse est venu me rechercher au café du Poids, occupé à lire quelques pages de ton Carnet devant un thé. Difficile. Neuf dames dans la soixantaine assises autour d’une table ronde font tourner les potins de la semaine. S’arrêtent longuement sur le fait que la plupart de leurs petits enfants ne veulent pas faire leur confirmation. Elles font comparaître ensuite chacune des personnes rencontrées dans la région, palabrent avant de décider ce qu’il faudra en dire. Il est 18 heures lorsqu’on rentre. Deux allers et retours encore jusqu’à Ropraz, pour l’entraînement, sur une route à nouveau enneigée, blanc béton.
Eprouve des difficultés avec ma tablette. Elles me rendent de sale humeur et aveugle. Malheureusement je suis obstiné, je n’aurai embrassé avant la nuit ni Sandra ni les enfants. M’en veux.
Jean