Réveil tardif et déjeuner au soleil, on fête discrètement mais tout au long de la journée l’anniversaire d’Arthur qui a eu lieu officiellement hier. Louise enfourche son vélo et on descend à pied jusqu’à Ropraz, par la Moille au Blanc et la Moille Cherry. Oscar se fait électrocuter en s’approchant trop près d’une clôture. Il restera à mes pieds, servile tout au long de la balade.
Traverse l’exposition que l’Estrée consacre au peintre et sculpteur Jean Marie Borgeaud. Ne trouve pas le lointain d’où proviendrait ce miracle dont parle Christophe Gallaz dans la plaquette de présentation. Pas tellement en raison de ce qui est montré, mais de mon incapacité à demeurer très longtemps libre les yeux ouverts dans les lieux fermés.
Louise est restée avec Oscar sur la place de jeux, Sandra vient nous chercher devant chez les Moinat. Repas d’anniversaire en fin d’après-midi, au cours duquel Arthur nous avertit soudain qu’il doit proposer pour demain un texte à son prof de français, qu’il devra par la suite présenter. Condition ? Que ce texte soit écrit en français et fasse partie du trésor de la littérature. Le mousse se sent pris à la gorge, 13 ans aujourd’hui, nous aussi. Comment aider notre petit ? Dhôtel, Alain-Fournier, Victor Hugo, Tournier,… ? On discute avant d’arrêter la chose suivante : Arthur proposera à son maître Le dernier jour d’un condamné et nous lirons ensemble Les Misérables. Je me demande bien comment ont fait les camarades d’Arthur et leurs parents.
J’essaie, avant de boucler cette journée, de fixer les raisons pour lesquelles il conviendrait d’affirmer que la littérature est lyrique tout entière, et toute écriture un chant. Hymne au courage qui, d’un coup d’aile, ferait passer l’esprit sur l’autre rive, à côté, afin qu’il s’établisse résolument dans le langage, lequel sans lui se retournerait comme un ongle incarné. Je m’arrête là.
Jean Prod’hom