Une pastèque éventrée à la lisière du bois, des champignons écrasés et très loin le chant d’un coq. Ne sais pas très bien comment interpréter ces signes. M’étends un bref instant au soleil sur l’un des bancs la Moille au Blanc. Renonce finalement à consulter les entrailles de l’une des tourterelles qui s’envolent du champ de maïs couleur moutarde.
Téléphone au retour à un cabinet dentaire de Moudon pour prendre rendez-vous avec l’hygiéniste. La secrétaire me fixe un rendez-vous, mais celle qui s’occupait de moi n’est plus dans la maison. Elle me demande d’attendre un instant, consulte ses fichiers, hésite, me propose enfin Carole si, bien sûr, le samedi me convient. Tout ça sonne bizarre, le cabinet aurait-il changé d’affectation ?
Prépare un travail sur la Mine des Roches jusqu’à l’arrivée des filles. On mange dans la véranda, il y fait meilleur que dedans où le feu mal nourri puis oublié toussote. M’attaque ensuite au travail sur les Temps modernes avec une efficacité qui m’étonne moi-même, sans parvenir toutefois à le mener jusqu’au bout.
Il me faut accompagner Lili et sa camarade à Curtilles, il est 16 heures, le ciel est légèrement cintré et le bleu suit sa courbe. Elles vont faire une balade à cru sur les hauts du village. Je profite de cette heure pour passer de l’autre côté de la Broye : Cremin, Forel-sur-Lucens, Villars-le-Comte, puis rentre par Neyruz et Oulens. Trouve un banc à l’entrée de l’écurie avec le soleil dans le dos. Lili consulte avant de partir le tableau des locataires du manège et choisit le poney qu’elle souhaite monter la semaine prochaine, elle écrit avec une craie Tipex sur le tableau noir, un poney qu’elle n’a jamais monté.
Sandra et Arthur partent faire un tour après le repas. Louise est fatiguée mais souhaite embrasser sa mère avant de s’endormir, Lili se plaint de son fessier mais persiste et lit pour la seconde fois Mon poney et moi. Lorsque Sandra et Arthur rentrent à 20 heures, seule une mince lueur parvient à se glisser sous la nuit, puis une ombre, et bientôt plus rien.
Jean Prod’hom