La liberté invite celui qui en rêve, à se rendre en des lieux où personne ne l’attend, ni ne cherche à le retenir ; elle ne s’obtient qu’à coups de contre-temps.
Non pas que celui qui a goûté à ses fruits soit condamné à faire bande à part, bien au contraire ; il lui revient de se laisser glisser à l’arrière du cortège et de recueillir ce que celui-ci a abandonné. Car c’est de ce dont personne n’a voulu, de ses dépouilles que l’homme libre s’équipe et fait son lit, en compagnie de ceux qui ont préféré se faire oublier ; ils ravaudent ensemble ce qui aurait pu advenir, le possible, sans que personne ne les envie. En ce sens, mais à l’inverse, les avant-garde ne sont que les porte-drapeaux du régime de la plus extrême dépendance, obligées de souffler à ceux qui les suivent le refrain d’une triste rengaine bientôt cent fois répétée.
C’est le lendemainde la Saint-Valentin que l’amoureux offre des fleurs à son amoureuse, cet idiot est toujours un peu à la ramasse ; mais s’il prend du retard, ce n’est pas avec sa belle mais avec l’histoire.
Jean Prod’hom