A Riant-Mont d’où, gamins, nous ne sortions guère, lorsque les talus exhaussés par la Louve sur sa rive droite avaient usé nos petites volontés et que nous souhaitions retrouver un aplomb que nos courses à flanc de coteau avaient mis à mal, nous montions la rue du Valentin jusqu’au terrain de football de la Colline.
Il s’étendait devant une jolie école, où nous avions fait chacun, quelques années auparavant, nos premiers pas loin de notre mère, petite marmite gagnée sur la pente, herbe rase limitée au sud par les locatifs bordant l’avenue Vinet.
C’était notre Santiago Bernabéu à nous, où l’on se retrouvait les beaux jours, après les quatre heures ou le mercredi après-midi, ceux d’en-haut et ceux d’en-bas, Fincat, Lomette, les frères Jaquier, Papilloud et les autres, pour des parties qui nous menaient si loin qu’il n’était pas rare que nous devions dégringoler à la hâte le Valentin, avec la nuit qui nous talonnait sans pouvoir s’arrêter.
On y était à la fois dans une arche et dans un ventre, les hauts treillis nous autorisaient à toutes les maladresses ; ils nous dispensaient de prendre les précautions habituelles, pour que nos ballons ne nous échappent pas une fois encore, comme partout ailleurs, et ne soient pas, roulant, roulant roulant, à l’origine d’une catastrophe à laquelle ne pouvaient s’empêcher d’incliner nos esprits inquiets.
Jean Prod’hom