Catane / 16 heures
Agathe, vierge de race noble et très belle de corps, honorait sans cesse Dieu en toute sainteté dans la ville de Catane. Or, Quintien, consulaire en Sicile, homme ignoble, voluptueux, avare et adonné à l’idolâtrie, faisait tous ses efforts pour se rendre maître d’Agathe […]
«Ma volonté est assise sur la pierre et a J.-C. pour base; vos paroles sont comme le vent, vos promesses comme la pluie, les terreurs que vous m’inspirez comme les fleuves. Quels que soient leurs efforts, les fondements de ma maison restent solides, rien ne pourra l’abattre.» […]
«Renie le Christ et adore les dieux.» Sur son refus, il la fit suspendre à un chevalet et torturer. Agathe dit: «Dans ces supplices, ma délectation est celle d’un homme qui apprend une bonne nouvelle, ou qui voit une personne longtemps attendue, ou qui a découvert de grands trésors. Le froment ne peut être serré au grenier qu’après avoir été fortement battu pour être séparé de sa balle; de même mon âme ne peut entrer au paradis avec la palme du martyre que mon corps n’ait été déchiré avec violence par les bourreaux.» Quintien en colère lui fit tordre les mamelles et ordonna qu’après les avoir longtemps tenaillées, on les lui arrachât.
Agathe lui dit: «Impie, cruel et affreux tyran, n’as-tu pas honte de mutiler dans une femme ce que tu as sucé toi-même dans ta mère […]»Jacques de Voragine, La Légende dorée, Sainte-Agathe, 1476