Nous ne faisons jamais ce que nous pensions faire

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Cher Pierre,
Une large bande bleue, irrégulière, rampante, se glisse à l'est entre la chaîne des Vanils et la couverture nuageuse ; elle restera stable toute la journée. A l’ouest il pleut, les élèves se précipitent à la fenêtre, un arc-en-ciel tire sa courbe depuis Jouxtens-Mézery jusqu’à très haut, du côté de Cossonay, où il disparaît ; le soleil, invisible, a bouté le feu au pied du Jura, laissant une poudre d'or qui se mêle à une bruine fine, qui font scintiller les villages, les bois et les prés.

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La responsable des 4 Coins du Mont m'a demandé hier soir quelques photos de l'inauguration des nouveaux collèges, j'en trouve trois ou quatre qui, je l'espère, feront l'affaire. J'exporte en outre les pages du site Cocktail qui figureront dans la capsule temporelle.
Je remonte à 13 heures au Riau, les filles se sont fait une pizza, à moi les restes. Je conduis à 15 heures Lili chez une amie de Mézières, puis remonte pour visionner sur youtube la fin d'une belle conférence de Gilles Clément signalée par Alexandre. Les enseignants auraient tout intérêt à en prendre de la graine, les jardiniers ont beaucoup de choses à leur apprendre, l’essentiel peut-être.
Car enfin, nous ne faisons jamais ce que nous pensions faire, et personne ne s’en plaint ou s’en vante. Et il ne nous en coûte pas trop de renoncer à ce qu’on avait imaginé. Il vaudrait mieux souvent ne rien faire pour être utile à des enfants qui n’ont besoin de rien, sinon d’avoir près d’eux un maître que l’imprévisible ne désoriente pas mais réjouit.
Il est d’une certaine manière inutile de concevoir des programmes d’études, toujours trop étroits, conçus pour éloigner ce qu’on n’y a pas mis et nous protéger de notre ignorance. La partition du savoir, les columbariums, les disciplines et leurs frontières sont des fables qu’on a fait passer pour la réalité, elles pèsent sur nos manières de vivre, de connaître et stérilisent les recherches.
Je passe deux heures avec Xavier au café de la Poste, notre aventure à Rue, Entre terre et mer, aura vraisemblablement lieu en mars 2016, si Dieu le veut.

Jean Prod’hom

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