XXIII



La communication des personnes par la médiation de Dieu était une réponse belle et économique à la question de la communication des substances. On s'en rend compte aujourd'hui dans la transformation anarchique de notre paysage dans lequel prolifèrent chaque jour d'avantage des antennes de téléphonie mobile. Elles sont partout: sur des immeubles locatifs, au milieu des champs, à l'intérieur des tunnels, au sommet des montagnes, sur le toit de nos bâtiments publics. On en a même vu même sur des cabines téléphoniques.
Nous ne pourrons cependant revenir en arrière. J'en ai pris conscience hier soir lorsque j'ai avoué à ceux à côté desquels j'étais assis que je préférais, à la location pour mille francs par mois d'une antenne supplémentaire au sommet de l'église du village, la construction d'un minaret en bordure de la route qui mène au cimetière.
J'ai compris à l'oeil assassin que m'ont lancé mes voisins de table ce que c'était qu'une fatwa. Car s'ils ne croient pas en Dieu, ils ne supportent pas non plus l'idée qu'un autre dieu puisse faire de l'ombre à leur incrédulité. Mes amis sont prêts à de nouvelles croisades.

Jean Prod’hom