Gorges du Dailley (Salvan)

Capture d’écran 2016-02-19 à 09.55.31

Cher Pierre,
Le village est habité. J’entends en effet, tout proches, les gloussements d’une poule qui pond puis, m’approchant de son logis de fortune, distingue derrière le bois qui craque et l’oeuf qui brille, les bêlements d’une chèvre.

IMG_6814

La rue du village se prolonge dans les sylves, serpente entre les dés de granit recouverts de mousse jusqu’à l’entrée des gorges du Dailley, un bon kilomètre à flanc de coteau avant de plonger, rétréci, dans le lit de la Salanfe. Le chemin remonte ensuite d’une traite, raide, presque à la verticale, les 400 mètres d’escaliers qui le sépare du vallon de Van.
Aménagé une première fois en 1895 par une équipe de Salvanins pour permettre aux Anglais d’admirer la cascade et de rejoindre au plus court le vallon, ce tracé est mis à mal en 1945 lorsque on utilise des bulldozers et de la dynamite pour percer en amont les deux galeries qui donnent accès par le vallon de Van au barrage de Salanfe mis en service en 1950. Réaménagé dès 1991 par une équipe de volontaires, béni par le curé Guy Luisier en 2011, il est réouvert sur tout son parcours en juillet 2015.
Je n’irai pas jusqu’au bout, Oscar n’apprécie pas cette aventure, monte les escaliers ventre à terre et la queue entre les jambes. Il refuse d’aller plus loin à mi-parcours, l’acier galvanisé des marches en caillebotis y est pour quelque chose. Nous redescendons. Oscar n’en mène pas large, il retrouve vie sur le chemin qui nous ramène aux Granges lorsqu’un écureuil disparaît à la cime d’un mélèze, il me regarde alors comme s’il comprenait soudain l’intérêt que pouvait avoir une rampe d’escaliers.
Le soleil n’aura pas été au rendez-vous ; à 14 heures les premiers amateurs de ski sont sous la douche ; à 16 heures tout le monde est rentré, même les plus solides. Il neige de l’étoupe, oblique et légère.

Jean Prod’hom


IMG_6811IMG_6805IMG_6808IMG_6813 (1)IMG_6812IMG_6800