Il faudra bientôt remettre en route le chauffage

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Il faudra bientôt remettre en route le chauffage, me dit Sandra au réveil. Nous sommes déjà à la mi-août, c'est vrai, mais pour le coup elle exagère, on a encore de beaux jours.

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Toujours aucune trace des taupes, c'est dire qu'une de mes hypothèses se confirme : il n'y en a eu qu'une seule, elle s'est blessée dans l'un des pièges posés près du hangar et s'est vidée de son sang dans l'une ou l'autre des nombreuses galeries qu'elle a creusées pendant l'été, un réseau de galeries qui doit s'étendre sur plusieurs dizaines de mètres carrés.
On part faire une balade en tee-shirt, un peu par bravade, une petite laine n'aurait pas été de trop - on vit ici à près de 800 mètres, n'est-ce pas ? On marche une bonne heure en suivant l'itinéraire que j'ai emprunté ces trois derniers jours, jusqu'à l'endroit où il fait bon respirer. Je le présente à Sandra, on s'y assied, on évoque la rentrée en nous promettant de parler le moins possible d'école tout au long de l'année. Mais il faut au préalable régler la question des horaires, des repas, organiser les échanges de services, le convoyage des enfants jusqu'au bus. On fait le point.
Tandis que Sandra descend en ville avec les enfants, je comble une partie de mon retard dans la mise au net de ces notes avant de m'attaquer à une révision du poêle, elle s'impose. Les joints de la porte du foyer avaient été remplacés il y a une année par le directeur en personne d'une entreprise familiale de la Côte, celui-là même qui m'avait vendu le poêle. Les joints n'ont pas fait long feu si bien que je lui ai envoyé un mail pour lui expliquer le problème, il m'a répondu qu'il ne saisissait pas, j'ai donc reformulé l'affaire de telle façon qu'il comprenne, je n'ai plus reçu de réponse. Plutôt que de me mettre en colère contre les PME qui ne sont plus ce qu'elles étaient, je démonte le cadre et le verre de la fenêtre du foyer, arrache les ancien joints, ponce et dégraisse avant d'en coller de nouveaux. Arthur me donne un coup de main à son retour pour remettre en place le tout. Nous sommes parés pour septembre.
Cette après-midi Sandra fait de la couture, elle initie Louise. Arthur, qui regarde en différé la cérémonie de clôture des jeux olympiques, m'apprend que la gagnante du concours du lancer du poids était dopée, Lili descend à pied chez une copine avec son costume de bain.
Nous sommes partis tous les cinq marcher alors que le jour tombait. Il m'a semblé, chemin faisant, que la cellule familiale n'avait pas été pour tous une institution si mauvaise que cela, qu'on allait même un jour la regretter et que sa disparition ferait apparaître, à côté de ses étroites lourdeurs, des vertus que l'on n'imaginait même pas. La chouette de Minerve ne prend son envol qu'au crépuscule.
Les enfants décident d'aller dormir dans la tente malgré les événements de la veille et leur engagement sacré de ne jamais plus recommencer une telle folie. Cette fois on ne les reverra plus jusqu'au matin.

Jean Prod’hom


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