Cathédrale



Les lourds blocs de molasse mis à jour par les pelles lors des travaux de creuse du réservoir d'eau de la Montagne du Château, dégagés, transportés puis stockés depuis plus d'une année derrière le hangar sont pour la plupart en poussière. Qu'aurait-il fallu faire pour que la molasse devienne moins friable?
Rien, me répond N. M. de l'Université de Lausanne. Et les blocs ramenés sont bel et bien constitués de cette molasse grise qui a servi à la construction des anciens édifices lausannois, mais ce grès est très friable. Si elle est extraite à une certaine profondeur dans la masse rocheuse, c'est-à-dire entre cinq et dix mètres, cette roche est même d’assez bonne tenue pour la construction, car elle n'a pas été affectée par les ruissellements d'eau chargée de gaz carbonique qui ont tendance à la rendre friable.
Dans les environs de Lausanne, il n'y a pas actuellement de carrières d'où l'on extrait ce type de grès, sain à l'affleurement. Dans les anciennes carrières, par exemple celle de la grande place de parc au Signal de Sauvabelin, l'exploitation s'est arrêtée il y bien longtemps et la roche est devenue friable suite à son exposition aux agents atmosphériques. Mais il suffirait de décaper le rocher sur quelques mètres et on rencontrerait un matériau de construction en bonne santé.
Pourtant, conclut le spécialiste de l'UNIL, le travail de sape de l'érosion ne manquerait pas de s'attaquer aux édifices construits avec cette molasse. C'est le gros problème à Lausanne – alors qu'à Berne ou Fribourg, la molasse montre une bien meilleure tenue.
Il faudra donc que je m'y fasse, le jeu n'en vaut pas la chandelle, je n'élèverai pas de cathédrale dans le Haut-Jorat.

Jean Prod’hom