Et loin dans la campagne


On arpente l’intérieur de volumes en creux,
on ne sait pas où est le bout de la nuit là-dedans.
(François Bon à Alain Veintstein, Du Jour au lendemain)

riau-serie-trois-arbres

Se réveiller à l’intérieur du sommeil, là où la nuit se retire et fait son lit. Y occuper tout l’espace, du choeur au berceau. Je m’affaire dans le ventre de cette cathédrale entourée d’une eau épaisse et noire dont je suis l’involontaire servant. J’entends alors deux ou trois mots en ronde-bosse oscillant sur un socle de pâte préverbale.

Un insomniaque orchestre mes rêves du dedans, tu y es peu présente. Je t’évite ainsi de me rappeler au réveil ce que j’y ai laissé. Je ne saurais te dire qui dort quand je dors, ni où tu es, nous ne logeons pas dans les mêmes quartiers. Mais lorsque je m’éveille dans le noir, j’entends ton coeur résonner tout à côté, derrière l’un des murs mitoyens des cellules de notre nuit.

Et loin dans la campagne, un hululement.

Jean Prod’hom