L'ici touche à l’ailleurs

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Cher Pierre,
On a entendu en début d’après-midi le chant d’une mésange et d’un premier printemps, une espèce de renaissance d’avant la Renaissance, pleine de promesses. Pas étonnant que j’aie ouvert le Décaméron et relu L’Ascension du Mont Ventoux.

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Les fenêtres sont ouvertes, les gens sont bavards, trop ; on rêve d’ailleurs : d’être dans les Franches Montagnes, en haut d’une vallée alpine ou à Château-d’Oex, le long du Doubs ou dans le silence du Niremont, n’importe où. Si bien qu’on ne souhaite rien d’autre que de rester là où on est, on se met à rêver consciencieusement à l’un ou l’autre de ces lieux éloignés pour s’y installer un instant, débarrassé de ce qui nous attache ici ; un instant encore lorsqu’on en revient, sans bagage, tel qu’on était là-bas.
C’est à ce jeu de l’ici et de l’ailleurs que je songe lorsque je prends l’ascenseur pour la section de neurologie, salle des soins continus. Parfois les règles du jeu cèdent, l’ici touche à l’ailleurs, l’un à l’autre, l’un dans l’autre.
Je file à Saint-Martin, songeur, ramasse Lili et son amie que je dépose à Carrouge, reprends Arthur à Ropraz. Jean-Daniel me dit son intérêt pour Marges, mais Ulule plombe l’ambiance. Je lui propose de transmettre sa demande aux éditions Antipodes qui feront le nécessaire. C’est fait.

Jean Prod’hom