Soleil rouge, orange sang



Soleil rouge, orange sang, des hauts de Charmey à la Cape aux Moines. Je fais le point par écrit sur l'état de la préparation du voyage à Naples. Arthur allume un feu dans le poêle que personne ne nourrira puisque Sandra descend à la HEP suivre un cours.
Belle matinée avec les grands de la 11 : une élève présente en effet l'histoire du ghetto de Varsovie, elle fait entendre en une petite demi-heure ce qui l'y a conduite. Elle fait entendre également que quelque chose d'impensable demeure à Varsovie qui mobilisera son esprit dans les années qui viennent, elle n'oubliera pas. Une autre élève présente la naissance de l'aviation et son évolution rapide à l'occasion des conflits du 20ème siècle.
Après la récréation, les élèves se mettent au travail dans un état d'esprit qui me réjouit. Si j'ai souvent perdu mes illusions, j'ai à coup sûr aidé certains adolescents en leur proposant des conditions de travail qui leur permettent de mener leurs affaires avec l'indépendance d'esprit qui convient pour devenir celui qu'on sera.
Je remonte en quatrième vitesse au Riau, le ciel s'est couvert, les enfants m'attendent. Je réchauffe à la hâte les restes des jours passés, on ne dispose que d'une demi-heure pour apaiser nos appétits, il nous faut en effet partir à 13 heures pour Lucens et Curtilles. Louise aimerait monter Spirit, Lili Haribo.
Leurs voeux sont exaucés, j'aide Lili à brosser son poney, Louise se débrouille avec Spirit. Je les accompagne jusque dans le manège. Elles apprennent à resserrer la sangle de leur monture assises sur leur dos.
Mets à jour ces notes au café du Poids de Lucens. Trois vieux causent, ils ont visiblement renoncé à faire tourner les tables et à voir dans l'avenir. Ils font la liste de ce qui a disparu ou ce dont ils ne se souviennent pas. L'un, ventru, a les cheveux blancs, il porte un gilet bleu ; le second, gros fumeur, un paletot défraîchi et une canne à ses côtés ; le troisième enfin, lunettes cerclées d'or, a l'allure d'un ancien instituteur. A l'autre bout du café, une femme lit le quotidien local.
Sitôt rentré je fais un feu, puis un double saut à Ropraz avant de plier la journée et de regarder dans les yeux les dernières braises du jour et du poêle.

Jean