Praz l'Armaz (Corcelles-le-Jorat)

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Mon nez coule, les chevaux éternuent ; les chevreuils ont pris la couleur des feuilles mortes, les bouleaux tiennent haut leurs bras blancs dans la nuit qui tombe, mal de tête et courbatures. J’aurai passé la journée dans les combles à somnoler et lire quelques pages de François Dagognet et de Vladimir Jankelevitch sur la mort. Mon dieu que les philosophes parlent lourd, et du lourd c’en est, surtout chez le second, qui pourtant, par moments, me laisse supposer que nous tournons autour d’un même point.

Telle est la lointaine proximité que Maeterlinck a laissée en suspens dans Intérieur : entre la nouvelle fatale qui arrive dans la nuit et le bonheur paisible d’une famille encore ignorante du drame qui l’a déjà frappée, entre la subconscience soucieuse et l’heureuse incurie, il y a cette vitre et ce jardin, et cette épaisseur de ténèbres.

Le moins qu’on puisse dire, c’est que la profonde vérité rationnelle du souci et la profonde vérité superficielle de l’insouciance sont deux vérités contradictoires et pourtant également vraies.

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On finit par sortir, la polaire vert pomme et la veste rouge cassis de Sandra s’allient au bleu et au jaune des ruches de la Mussilly, on enfonce dans la boue, Oscar lève dans le bois Vuacoz deux groupes de chevreuils qui ne s’y attendaient pas, personne ne sort par ce temps.
Bonne nouvelle pour Pâques prochain, on ira voir le pape. Sandra a loué un appartement sur le Campo dei Fiori.

Jean Prod’hom