Me suis rendormi à 4 heures 30



Me suis rendormi à 4 heures 30, jusqu'à l'aube, et puis un peu au-delà. Termine ensuite le Parfum de Süskind que quelques élèves souhaitent présenter aux examens de juin, puis somnole avec la rumeur des enfants qui jouent en bas, sans élever la voix, en traînant derrière moi des lambeaux de pensée que je suis incapable de mettre bout à bout mais dont je ne parviens pas non plus à me défaire.
Je descends finalement dans le jardin, il y a une odeur que je connais bien et qui me ramène à d'autres printemps. Je l'identifie mieux qu'autrefois, presque à même de lui donner un nom, mais elle m'échappe soudain, sans avertir, je la sais encore là qui veille. Cherche un sécateur que je finirai par trouver au garage. M'attaque sous le soleil aux rosiers de la plate-bande, l'un semble avoir gelé. A voir. J'ouvre aux poules qui vont explorer les alentours, jusqu'à la pelouse des voisins d'où je les chasse avant leur coup de téléphone. On déjeune dans la véranda, malgré un léger voile tendu sous le ciel, on ne fera du feu qu'en fin d'après-midi.
Sandra enregistre les résultats du concours de mathématiques dont elle est la cheville ouvrière, elle engage les trois petits lorsque les deux filles ont terminé leurs devoirs et qu'Arthur a réécrit les engagements qu'il a pris pour les mois qui viennent. Ils ont peu changé.
De mon côté je taille dans ce que je projetais de faire au collège jusqu'à l'été, et ce recalibrage de mes intentions lié aux circonstances dont j'avais fait jusque-là l'économie rend moins inquiétante la reprise des cours demain.
Je sors et monte jusqu'à l'étang encore partiellement gelé, la bruyėre a jauni. Passe près des ruches abandonnées dont je fais une photo. Il n'y a guėre d'autres couleurs à cette saison. L'horizon est bouché à la Moille au Blanc, mais la fontaine ne déborde plus. Le petit chien qu'hébergent les nouveaux propriétaires de la ferme aux bouleaux se fait menaçant à mon passage, le propriétaire laisse faire. Plus bas les taupes ont laissé d'étranges messages dans les prés.
Je fais à manger pendant que les petites regardent les Indestructibles et Arthur une série américaine. Avant d'aller se coucher, les enfants reçoivent leur salaire dont Sandra retire ce qu'ils nous ont emprunté, dur apprentissage, surtout pour le mousse qui accepte mal le prix des bonbons de Charmey. On regarde cependant tous les deux les nouvelles sur une chaîne française. Un peu d'inquiétude, l'école reprend demain, pour tous les cinq.

Jean