Croix de fer si je mens je vais en enfer



Que de temps, que de forces avant d’en comprendre assez, faire bonne figure et obtenir une place, une situation, là où on cherchait tout autre chose. On se décide pourtant à monter dans le train, fermement résolu à en descendre un jour: plus tard. Promis! on reprendra l’affaire là où on l’a laissée.
On se retrouve alors vicaire parmi les vicaires, satisfait de l’un des strapontins proposés par Rome. Les années passent, fatigantes fins de journée. Visage dans les mains on essaie de comprendre ce dans quoi on est embarqué. C’est donc ça, on aboie parfois. Et puis la raison raisonnante convainc les derniers récalcitrants, non pas de renoncer définitivement à la partie que l’enfant avait initiée autrefois, mais de différer encore les retrouvailles avec cet impossible bonheur, arrimé à la traîne d’un présent auquel au fond on ne croit pas. Noire et mortelle tentation, on a fait son trou.
Pour ne pas avoir à pleurer le strapontin repris, pour ne pas avoir à éviter les chausse-trapes d’une organisation sociale aux larges mailles qui y précipite ses perditos, se dessaisir de l’esprit de sérieux qui conditionne le respect des appareils et des carrières, écouter celui qu’on raille, celui qui ne comprend pas et celui qu’on ne comprend pas, demeurer en retrait du grand jeu, ne pas laisser filer le temps.
Ne pas différer d’un jour ce qui doit être désentrepris pour retrouver la grande affaire là où on l’avait laissée il y a longtemps.

Jean Prod’hom