CXXXI

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Dans le café enfumé de cette petite ville sinistrée de la Broye, Klaus m’est apparu comme sur une scène d’un mauvais théâtre, fardé à l’excès, une perruque sur la tête, des pattes d’oie creusées au coin des yeux, le teint blafard, le regard voilé, les joues tombantes, la peau piquée, les dents savamment avariées. Mais il a suffi de quelques secondes seulement pour que cet ami que j’avais perdu de vue pendant plus de trente ans réapparaisse comme un jeune premier sous ce déguisement de mauvais goût qui est celui des ans.

Je lui répète la même chose, deux fois, trois fois, quatre fois, avant de m’aviser qu’il a peut-être perdu la raison, ou qu’Alzheimer est passé par là, ou qu’il est tout simplement sourd. A moins que ce vieil ami, plus sagement, ait renoncé à écouter celui qui radote en face de lui.

C’était à l’heure du café et de la déconfiture.

Jean Prod’hom