La Croix blanche (La Sarraz)

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On a ouvert le parasol,
le vent soulève ta jupe,
à l’étage un enfant lit.

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A la suite du billet que j’ai écrit hier à propos de Jean-Philippe, Claude me rappelle que la victime ne doit pas être oubliée non plus, ni ses proches. Il se demande si lui-même pourra pardonner un jour à ceux qui ont assassiné une de ses proches parentes et à ceux qui ont fait exploser un de ses amis dans une voiture. Steve note que l’homme que Jean-Philippe a tué ne pourra plus jamais prendre l’apéritif avec celui qu’il croyait être son ami et qui l’a abattu de deux balles dans la tête. Quant à Jean-Marie, il ne nie pas les faits mais écrit qu’un homme doit pouvoir racheter ses peines, que la société doit donner au condamné l’espoir de devenir meilleur.
Claude évoque également Philippe Maurice, aujourd'hui historien médiéviste réputé : Philippe Maurice a passé 20 ans dans les QHS de France, après avoir été gracié par le président Mitterand en 1981 (il avait été condamné à mort). Dans une interview il a déclaré qu'il ne passait pas un jour sans penser à l'homme qu'il a tué au cours d'un casse. C’est dire que ni les années de prison de Jean-Philippe, ni la grâce présidentielle dont le médiéviste a bénéficié ne leur permettront d’oublier leur victime, de la rayer de leur propre histoire, de l’assassiner une seconde fois.
Jean-Philippe le dit à sa manière ; son désir de reprendre sa vie là où il l’a laissée, d’enfiler le polo blanc, la chemise à carreaux verts et rouges, les pantalons qu’il portait le 12 mai 2005 au moment de son arrestation atteste qu’il lui est impossible d’oublier sa victime, qu’il devra vivre avec l’irréparable jusqu’à la fin. Car enfin, il aurait pu vouloir enfiler les habits qu’il portait avant de tuer et ainsi reprendre sa vie comme si sa victime n’avait jamais existé et que rien ne s’était passé.

Jean Prod’hom