L’image du chardonneret me poursuit

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Cher Pierre,
La vente de sapins a eu lieu samedi matin, on l’a oubliée ; mais Jean-Jacques – à qui j’ai téléphoné hier soir – m’attend à 9 heures 30 devant le local de la commune, comme promis : cet homme est une perle. Je bois un café à l’auberge où le syndic déjeune en famille, je ramène un sapin de plus de deux mètres que je dépose dans le jardin.

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L’image du chardonneret me poursuit, il me semble de la plus haute importance que j’en voie un. Je sais depuis ce matin qu’ils n’ont pas disparu, je suis membre en effet d’ornitho.ch, la plate-forme officielle des ornithologues et des observateurs d'oiseaux de Suisse. J’y appends qu’Henri en a vu un aujourd’hui, à Aigle. Alain quatorze, hier, sur la Place du Cirque, au nord de la Plaine de Plainpalais ; Erwan un à Courroux, dans le Jura ; Benoît un à Bonvillars et six à Champagne ; Nathalie deux à l’embouchure du Mujon ; Sylvain plusieurs à Chamblon près d’Yverdon ; Claudia deux à Glion ; Alain une quarantaine à Grancy, je lui envoie un message.
Arthur est mal fichu, Sandra et les filles sont descendues rejoindre Marinette. Je me mets en route, dépose un bouquin dans la boite aux lettres de Laurence à Vulliens ; les moineaux et les mésanges piaillent dans son vieux verger tapissé de pommes qui macèrent. Je continue sur Moudon, puis Thierrens par les Rutannes. La route entre Donneloye et Yverdon est ouverte, je laisse la Nissan au bout de la Promenade Robert Hainard, longe la Thièle, puis le lac jusqu’à l’embouchure du Mujon. Un ornithologue compte les canards, il y a souvent des chardonnerets dans les aulnes, mais il n’en a pas vu aujourd’hui, pas entendu non plus.
Je monte jusqu’à Chamblon, colline entourée par le Bey au nord et le Mujon au sud, colline sur laquelle se dresse un Château devenu hôpital depuis 1925. C’est dans les bois pentus de Gruvy que Sylvain en a observé hier ; j’entends des mésanges, des moineaux, des merles, des corneilles, mais pas de chardonnerets.
Retour par Thierrens et Moudon, Mézières. T est assis sur son lit lorsque je l’aperçois par la porte ouverte de sa chambre ; il fait de petits mouvements avec ses bras en écoutant la radio ; on se serre la main, il tourne le bouton de son petit transistor. Sourires. Mais les morceaux de terre que je ramène sous mes baskets des bois de Chamblon et que je dépose sur le parquet l’inquiètent ; je demande à une infirmière une brosse et une ramassoire. Puis on parle. Je lui lirai la prochaine fois une nouvelle, on entamera plus tard, si on s’y retrouve, une lecture au long cours.
Au Riau, Arthur est couché dans son lit, pâle ; le sapin debout dans le hall, habillé par Sandra et les filles. Je prépare une salade, deux gâteaux au fromage et un aux poires. On regarde en famille les nouvelles : Guy Parmelin est rentré à Bursins ; les hommes suisses ont une fertilité réduite ; la COP21 a débouché sur un accord qu’on dit universel et contraignant ; le Front national n’a fait main basse sur aucune région ; Steve Guerdat a remporté le Grand Prix de Genève sur le dos de Nino des Buissonnets et Sion a éliminé Bâle de la Coupe suisse.
Alain m’écrit qu’il y a en effet une grande friche près de Grancy avec de nombreux chardons, il ignore s'ils y seront demain ou après-demain, mais m’assure qu'ils reviendront, ajoutant que ne ce sera facile de les photographier, pas sûr qu'ils se laissent approcher.

Jean Prod’hom

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