Voici la clé, nous sommes au milieu du chemin

Capture d’écran 2015-10-23 à 10.06.01

Cher Pierre,
On pleure et prie à la Toussaint, et cet immense dimanche de novembre en donne envie. Mais comment s’y prendre et quoi dire. Se taire est aussi un verbe intransitif, alors je marche de Froideville  – où j’ai laissé la Nissan – jusqu’au Riau.

IMG_3518

Je fais une halte sur la terrasse de la Poste où je bois une verveine, à côté d'un gars du coin qui boit un verre de blanc ; heureux d'en être tous les deux, du bon coup que le ciel a joué aux morts. Et cette terrasse sur laquelle nous nous sommes embarqués, nous ne voudrions l'échanger contre aucune éternité ; le dénuement se confond avec l’abondance, la laine et le soleil picotent la peau ; dans le le ciel dansent des ballons multicolores, ceux qui les ont lâchés leur tournent le dos ; les cloches sonnent la demi de deux, ça tient ensemble.
C'est la conscience qu'il ne peut en aller tout le temps ainsi qui m'oblige à me lever et laisser ce qui ne fait jamais faux bond. Je reviendrai et me remettrai à la cape. Faut-il vouloir plus ?
Ne pas choisir entre raison et poésie, ne céder ni à l’une ni à l’autre. Je n’aime pas parler de la mort ; mais j’écris, je crois, avec elle, ou à côté d’elle. Lointaine ou proche, elle veille lorsque je lis théorèmes ou poèmes.
J’entre dans le bois des Orgires, j’entends bientôt Oscar, aperçois Louise et embrasse Sandra. Voici la clé, nous sommes au milieu du chemin. A tout à l’heure.

Jean Prod’hom


IMG_3514