Entrepra

Grancy / 16 heures

L’Office d’impôt du district m’a envoyé un courrier il y a quelques jours, exigeant dans le cadre de la procédure de taxation en cours un certain nombre de documents: trois attestations justifiant mes cotisations, deux certificats indiquant la situation de mon compte de prévoyance – le premier avant l’opération de rachat, le second après. Jusque là tout va bien. Reste l’annexe 06, constituée d’un premier document que je suis à même de compléter sans l’aide de personne, mais également d’un second que je dois envoyer à ma caisse de pensions, qui ira rejoindre le premier, lorsque le fonctionnaire me l’aura réexpédié daté et signé, dans une enveloppe que j’adresserai alors à l’Office d’impôt du district. Si tout va bien je serai dans les délais. Il est 10 heures, le plus dur est passé, je vais boire une tisane avec Arthur qui a congé.

Je fais un saut à Grancy, y traîne une heure avant de filer à Ferreyres, puis au Creux de terre. Je constate que plusieurs photographies que j’ai faites des chardonnerets, de la Carrière jaune et du Gîte du passant à Yverdon ont disparu lors de leur transfert sur mon ordinateur. Bois un chocolat chaud au Tempo avant de récupérer Louise à Valleyres. Il fait nuit.

Il est temps que je cesse de labourer de nouveaux territoires, que je me satisfasse des objets que j’ai rassemblés jusque-là, les répartisse en neuf ou dix groupes et hiérarchise formellement, c’est-à-dire syntaxiquement, les liens qui articulent les trois ou quatre éléments qui composent chacun d’eux, en déterminant simultanément leur mode d’être: souvenir, chose vue, discours rapporté, songerie,… Et ouvrir l’eau.

Cimetière de Dizy

Dizy / 16 heures

Lecture du texte de Patrick Vincent qui s’est penché en 2006, à l’occasion de sa conférence inaugurale, sur les liens qui ont rapproché Louis Agassiz et Henry David Thoreau, leur position sur la question de l’évolution, leurs méthodes; il y est question d’un hérisson mais aussi d’un renard:

Monsieur Agassiz était très surpris et ravi de découvrir la vaste collection que vous lui avez envoyée pendant son absence à New York ; il a installé le petit renard très confortablement dans le jardin où il se porte bien.

Cabot à Thoreau (1947?)

Je commande dans la foulée les premiers tomes du journal de Thoreau. A la véranda ensuite avec une verveine, leur nom est si proche.

Une cinquantaine de chardonnerets squattent la friche de Grancy; j’ai le sentiment qu’ils s’habituent à ma présence; une journée dans ce carré, de l’aube au crépuscule, devrait suffire à m’en faire des amis et faire de moi un poverello. Ils partagent le territoire avec quelques mésanges et un renard. Je continue par La Chaux jusqu’à Dizy, fais une photo de la curieuse tombe aperçue avec Arthur lorsque nous avions traversé le Plateau en juillet 2013. En face du cimetière le congélateur communal, un homme en sort, c’est le mari, il me raconte que sa femme a été fauchée il y a plus de vingt-cinq ans alors qu’elle traversait la route de Cossonay à cheval, elle était âgée de 34 ans; les céramiques fixées à l’armature de ciment ont été réalisées par son beau-frère qui pote dans l’ancienne forge, j’y rencontre son fils qui apprend le métier.
Bois un jus de pomme à l’hôtel de La Croix Blanche à la Sarraz, embarque Arthur aux Croisettes. Louise a fait des biscuits de Noël avec deux enfants du quartier. Gnocchi ce soir, pesto et salade.

Ils se seront mis à deux, Johnny et d’Ormesson, pour annoncer aux crémières et aux sénateurs, aux maçons et aux baronnes, la fin d’une ère, celle des rebelles, des rebelles intégrés, branchés, aimés des familles et des dieux.

Le Chauderonnet

Riau Graubon / 11 heures

Matinée studieuse, Sandra en-bas, moi en-haut. Je boutique, déplace, rassemble, juxtapose et subordonne; parataxe et hypotaxe, Thierry Metz et Gottfried Keller. Ecole buissonnière ensuite, avec Sandra et Oscar jusqu’au retour de Lili.

Lecture de la seconde partie du livre XII des Confessions.

Je conduis Lili à Forel, fais une halte à La Croix d’Or pour y lire devant une verveine, en accéléré, la première partie du livre XII. Lance à 17 heures le repas, puis dévore le second récit des Gens de Seldwyla, «Mme Regula Amrein et son fils cadet», bonheur! Belle surprise encore, Patrick Vincent me fait parvenir par mail sa conférence inaugurale prononcée à Neuchâtel en 2006, intitulée De la science à la littérature: Louis Agassiz, Henry David Thoreau et l’Amérique. Lili rentre ensuite de Forel, Sandra et Louise de Palézieux, Arthur s’entraîne, on mangera sans lui.