Dormance

la lune
comme de la glu sur le pré
blanc d’oeuf
imperceptible risée
sur ce qui reste de l’étang
le souvenir d’anciennes présences
les tétards et la salamandre
des cendres un texte à peine
qui laisse deviner
aux abords du champ de ruines
les petites mines d’antan
petits riens enfouis dans le sable
la transparence à peine entamée
lors même que le jour s’est tu
à Trieste et sur le Risoux
qu’avais-je espéré
serre-joints et serre-livres
tenter de dire cette misère
aura bercé mes ardeurs
la nuit est là et il ne reste rien

Jean Prod’hom

17

Comme ces chiens orphelins, solitaires, rêveurs, décidés, qui traversent jour et nuit le quartier qu’ils n’ont jamais quitté. Ils s’éloignent des hommes qui n’en ont cure sans jamais s’arrêter. Tout droit et en tous sens.
C’est qu’un vent de travers creuse leur flanc et les pousse contre d’autres récifs si n’était leur âme droite qui agit comme un safran en les orientant tout droit, en avant d’une mer sans île.
Ils courent, ils courent de travers en tendant simultanément une oreille du côté de ce ce qui ne cesse de les inquiéter, l’autre en direction de ce qui ne se présentera jamais. Toute une vie.

Jean Prod’hom

XLVI

– Pourquoi le coq chante-t-il à n’importe quelle heure du jour, lorsque l’homme dort encore, sans égards pour les rêves de celui auquel il doit sa vie de roi de la basse-cour?
– Pour rappeler à l’homme et vomir à sa face ce que celui-ci a fait avaler de force à son amie l’oie.

Jean Prod’hom