Ropraz / 18 heures
Je ne sais pas, tu n’y es pas. La lutte est inégale, je passe mon tour.
Je n’attends rien, je crois, sinon l’attente. Elle aura son heure. Y demeurer quoi qu’il advienne. Alors, ma Pépita, on ira à Porz Even et on mangera des moules.
Dehors un carrousel et des milliers de bouteilles à la mer.
Grancy | 14 heures
Vent d’ouest et crachin, trois corneilles noircissent un coin du ciel; je lève dans la friche deux chardonnerets qui filent ventre à terre, décollent avant d’onduler dans le ciel comme des méduses. Ils rejoindront ceux que j’ai aperçus hier, plus méfiants que la colonie de l’hiver passé, moins nombreux peut-être, établis une fois encore dans le grenier à ciel ouvert des Boutisses, sur le flanc oriental d’une butte qu’ils partagent avec d’autres bêtes: samedi un chevreuil, dimanche un renard.
Camper là où on a planté sa maison, près des terres incultes.
Grancy / 14 heures
C’est dimanche, les petits soldats à la voix cristalline chantent au saut du lit l’air des quincaillers, échangent leurs trésors: bracelets, diadèmes, perles et plumes, regards appuyés et entendus. La messe est dite, j’éteins la radio.
J’habite de l’autre côté, du côté où ça penche.